Google Health, à l’instar de son concurrent Microsoft Healthvault, propose à ses utilisateurs de centraliser les données médicales extraites automatiquement des logiciels opérés par les professionnels de santé (uniquement Américains, faut-il le rappeler).
Partager ses documents médicaux
Depuis quelques jours, il est possible d’y stocker ses propres documents (4 Mo par document, pour un volume maximum de 100 Mo), sachant que depuis Mars 2009, les utilisateurs peuvent partager leur dossier médical : tout ou partie des données peuvent alors être consultés (sans toutefois pouvoir être modifiées) par qui bon leur semble : professionnels de santé, proches et amis, etc. le système assurant par ailleurs une journalisation de ces éventuels accès et consultations.
En complément de toute la paperasse médico-administrative qu’il est possible de numériser (relevés mutuelles et autres assurances, factures de soins…), Google fait de la publicité autour de cette nouvelle fonctionnalité en proposant aux patients de stocker facilement leurs souhaits dans le cas ou leur état de santé ne leur permettrait pas de participer à de futures décisions médicales.
Ces directives anticipées (“living wills” ou plus généralement “advance directive” dans la langue de Shakespeare) peuvent être rédigées à l’aide d’un formulaire disponible chez le partenaire Caring Connections (les formulaires y sont rédigés en prenant en compte les réglementations de chaque état américain).
Une fois téléchargé, le formulaire n’a plus qu’à être crayonné et numérisé par l’utilisateur pour le téléverser dans son dossier médical en ligne.
Droits des malades et fin de vie
J’en profite pour rappeler qu’en France, la notion de directives anticipées est inscrite depuis 2005 dans la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie (Loi Léonetti). Ces directives permettent notamment d’indiquer des souhaits pour d’éventuels rites religieux ou le choix d’être hospitalisé à domicile et aussi de désigner des personnes à prévenir.
Art. L. 1111-11
Toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté. Ces directives anticipées indiquent les souhaits de la personne relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l’arrêt de traitement [...].
Un décret du 6 février 2006 précise les conditions de validité, de confidentialité et de conservation de ces directives :
- il doit s’agir d’un document écrit, daté et signé par le patient dûment identifié,
- leur durée de validité est de trois ans (elles sont révocables à tout moment, sinon renouvelables par simple confirmation signée par l’auteur sur le document),
- elles doivent être conservées pour être aisément accessibles pour le médecin appelé à prendre une décision de limitation ou d’arrêt de traitement.
Le décret indique que ces informations sont conservées par l’auteur ou confiées par celui-ci à une personne de confiance, sinon peuvent être conservées dans le dossier patient constitué par un médecin de ville ou un établissement de soins.
On imagine toutefois assez bien par extension, qu’elles puissent être idéalement publiées et gérées dans les futurs DMP. D’autant plus qu’un patient est susceptible de produire d’autres informations destinées à alimenter son dossier médical.
L’idée même d’un bloc notes patient a déjà été évoquée lors des phases de préfigurations du DMP fin 2006 et permettrai effectivement de faciliter la communication des informations qui lui semble importantes (donneur d’organes, directives anticipées, personnes à prévenir, état de santé…).
La signature électronique du patient ?
Pour autant, si les patients auront bien un accès en ligne à leur DMP, des mécanismes de signature électronique – essentiels pour une pleine confiance dans les informations dématérialisées – ne sont pour l’instant prévus que pour les professionnels de santé et les établissements de soins. Dans ce dernier cas, les signatures serviront à assurer l’intégrité des documents envoyés par les PS dans le DMP et à engager leur responsabilité sur ces contenus.
Le GIP-CPS délivre des milliers de certificats aux professionnels de santé, l’administration fiscale en délivre des millions aux contribuables, pourquoi la CNAM n’en délivrerai pas aux assurés sociaux (pour les authentifications et les signatures d’informations dans les systèmes Ameli, DMP…) ?